Chronique d’un jugement annoncé

Nous relayons le Communiqué de Presse du CAL (12/3/2010) réagissant à "l'affaire de la Prof de Maths voilée" de Charleroi.

Ça devait arriver. A force d’écarter, de repousser sans cesse le débat sur l’impartialité des services publics et de l’enseignement en particulier, les magistrats se substituent à l’État de droit pour faire valoir l’intérêt partisan au détriment de l’intérêt commun. Et les juges, désarmés faute d’une loi-cadre affirmant clairement ce qui relève du bon sens, finissent par tomber dans le piège qui leur est tendu.

L’affaire de l’enseignante voilée à Charleroi donne raison, de façon éclatante, à ceux qui, le Centre d’Action Laïque en tête, réclament depuis des mois que l’on légifère clairement sur cette question. Car, à force de détricoter les décrets pour leur faire dire par la lettre le contraire de ce qu’en signifie clairement l’esprit, chacun pourra désormais rendre inopérante une loi qui ne lui convient pas. Les lois sont censées gérer le bien commun et non favoriser les intérêts particuliers.
Il est particulièrement interpellant d’entendre dire qu’un décret de la Communauté française ne concerne pas les établissements relevant des provinces ou des communes. Or, il semblerait que ce soit un point de l’argumentaire. On imagine déjà les cris des mêmes s’il agissait d’un jugement condamnant l’usage du français dans les écoles des communes à facilités…

Les recours à la justice par une poignée de particuliers qui refusent de se soumettre à des lois qu’ils connaissent et auxquelles ils ont adhéré, au moins implicitement pourrait susciter des vocations, est une dérive grave de la démocratie. Nous sommes en alerte et resterons vigilants face à toutes les tentatives de détourner à leur profit personnel les lois censées garantir les libertés collectives. Nous luttons et continuerons de lutter pour garantir que l’école ne devienne pas le champ clos des particularismes et qu’elle puisse assurer à tous les élèves une éducation contribuant à la construction d’une citoyenneté qui conjugue les différences sans les opposer. Cela étant, il n’est pas question ici de jeter l’opprobre sur l’enseignante qui a déposé plainte. Le flou du système, en l’état, le lui permet. C’est cela que le CAL condamne.

Dans une carte blanche publiée le 2 juillet dernier, nous appelions déjà avec force les politiques à reprendre la main pour ne pas abandonner une part de leur responsabilité aux juges. Hélas, ils ont préféré laisser pourrir la situation et se lancer dans des « Assises » de l’intercultu(r)alité qui rendent urgent de ne rien faire. Et qu’on ne vienne plus nous dire que « le gouvernement à mieux à faire que de se préoccuper de la façon dont les gens s’habillent ». Car le résultat est là : si l’on n’agit pas rapidement, chacune ou chacun pourra désormais établir son propre code civil et mandater un juge pour lui donner raison en disséquant les textes légaux jusqu’à l’absurde.

Que tous ceux qui ne veulent pas d’une telle société se lèvent, aujourd’hui, pour dire « ça suffit » !

Centre d'Action Laïque asbl Campus de la Plaine ULB, CP236 Avenue Arnaud Fraiteur 1050 Bruxelles, Belgique T.: 02/627.68.11 F.: 02/627.68.01 cal@ulb.ac.be - www.laicite.be

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