Le procès d'Allah (3)

La première partie du Procès d'Allah a été postée le 15 avril; . Le second épisode a été posté le 22 avril.

Nous invitons les lecteurs à lire les feuilletons dans l'ordre...

François WAHA

Le procès d'Allah (3ème partie)

Défilé de témoins. Expérience de pute

C’est maintenant une jeune femme en micro-minijupe, outrageusement maquillée, qui s’avance, aussi rayonnante que sexy. Quand le président lui demande : « Profession ? » des rires fusent spontanément. Question inutile !

« Malgré mon jeune âge je suis depuis assez longtemps dans la profession pour pouvoir dire que je connais les hommes. Et je puis dire que, depuis quelques années, la clientèle a progressivement changé. Dans le temps, je soulageais surtout des quadragénaires qui n’étaient pas satisfaits des relations avec une épouse « coincée ». Aujourd’hui ce sont des jeunes mecs de vingt, vingt- cinq ans qui n’ont pas d’accès à une femme à cause de leur religion. Ce sont pratiquement tous des Musulmans. Ils sont frustrés, je ne vous dis pas. Ils se jettent sur vous – heu ! sur moi – comme si on leur présentait un couscous, alors qu’ils n’auraient plus rien mangé depuis un mois de ramdam..

Le Président rectifie : « Vous voulez dire Ramadan, Madame.

« Oui, c’est bien ce que je dis Monsieur le Président ! Et ces types deviennent dangereux. Pas de femmes « voilées », qui jouent prudemment les prudes. Pas d’homosexualité de substitution. Masturbation quasi impossible dans une famille nombreuse. Restent les filles. Mais ils n’ont pas moyen de payer. Alors, ils violent. En bande. Moi j’ai été violée par trois de ces salauds. Mais je crois qu’ils l’ont regretté. J’avais accidentellement contracté une blennorragie. Ils auront pissé des lames de rasoir par paquets. Ca leur aura sans doute enlevé l’envie de recommencer. A la prochaine crampe du zizi, ils sauteront sur une burka, Allah ou pas ! La demande pour la sodomie a augmenté. Comme les rares femmes qui risquent tout de même des relations, veulent à tout prix préserver leur virginité, elles imposent la pénétration anale ; Je crois que c’est comme ça qu’on dit pour baiser par le trou du cul ?

Le Président, pressé de mettre un terme aux divulgations de ce témoin : « Je vous remercie, Madame. Non ! Ne quittez pas. Des questions ? » (Espérant qu’il n’y en aurait pas.)

Muhammad : « Oui, Monsieur le Président. Je voudrais demander à cette femme, comment elle sait que les jeunes hommes qui ont recours à ses services sont de religion musulmane ? »

Le témoin : « D’abord, ils sont tous circonscrits. (sic !) J’avoue que c’est plus propre. Presque tous marmonnent en niquant. Je leur ai demandé ce qu’ils disaient. Ils demandaient pardon à Allah, miséricordieux. Deux ou trois ont sorti un petit tapis après avoir tiré leur coup et ont prié, le cul en l’air. »

Muhammad : « Vous ne comprenez aucune de nos langues. Ils ont pu vous raconter n’importe quoi. Mais, admettons. Ce n’est pas le propre de notre religion. Il s’agit d’une petite minorité d’égarés, Incapables d’un effort de chasteté. Et n’est-ce pas dans un hôtel aussi particulier que celui où vous exercez votre profession, qu’on a trouvé mort Monseigneur Danielou, un évêque catholique ? Je sais, l’Eglise a prétendu que l’évêque était là pour recevoir la confession d’une fille et lui accorder sa bénédiction. Un « service de confession à domicile » en quelque sorte. Qui a pu croire pareille histoire ? Et que dire de la profusion de viols de jeunes dans le clergé catholique ? Au moins en Islam il n’y a pas d’obligation de célibat. Balayez devant votre porte, Madame ! »

Le Président coupe court à cet échange de propos scabreux :

« Je vous remercie, Madame pour les informations fournies à la Cour. J’appelle à la barre le professeur Christophe Bellange, Président de « l’Association internationale des Psycho-sociologues du Comportement religieux. »

Un quadragénaire hirsute, l’air égaré, portant un volumineux dossier d’où émergent des feuilles mal assemblées, se précipite à petits pas. Il dépasse la barre et va droit vers le Président qui a un mouvement de recul. Le professeur tend péniblement à bout de bras son dossier que le Président accepte, un peu surpris.

« Permettez-moi, Monsieur le Président de vous remettre les procès verbaux des travaux de notre dernier congrès tenu à Nagasaki, au Japon. Ces feuilles contiennent une foule de données intéressantes que je n’aurai sans doute pas le temps de fournir dans mon intervention ici. »

Le professeur se retourne et se rend à la barre. Le Président l’interpelle :

« Je vous rappelle, Professeur, que la Cour attend de vous que vous l’éclairiez sur la manière dont la religion influence le comportement social de ses fidèles. »

« A vrai dire, Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, si nous avons tenu notre congrès au Japon, ce n’est pas pour faire un voyage lointain aux frais de la princesse comme on dit, mais parce que le Japon est un cas tout à fait singulier en matière religieuse. N’était le fait que l’Empereur y est divinisé, on dirait que c’est un exemple à suivre. Il y a, au Japon, une cohabitation de plusieurs religions.. Mais, ce qui est surprenant et remarquable, c’est que les religions ne se juxtaposent pas seulement au niveau de la société, mais au sein même de l’individu.

Un Japonais ne voit aucun problème dans le fait d’être baptisé chrétiennement, de se marier selon le culte shintoïste des ancêtres et à choisir les rites bouddhistes pour son enterrement.

Cette attitude n’est possible que s’il n’y a pas d’attachement à des dogmes. Ce mélange religieux ne s’embarrasse pas de problèmes théologiques, ni de contradictions. La « sancta simplicitas » est passée par là. On se compose un « cocktail spirituel » à son goût. Personne n’y trouve à redire.

Nous avons choisi Nagasaki, non pour rappeler l’horreur de la bombe atomique, mais parce que cette ville de l’extrême sud-ouest de l’archipel nippon, a subi une forte influence chinoise. Or, les Chinois n’ont pas de religion au sens que nous donnons à ce terme. Le Tao est un principe d’harmonie universelle, pas une divinité. Par parenthèse, le bouddhisme n’est pas non plus une religion. Bouddha n’est pas un dieu. Mais il est ridiculement « déifié » par les hommes, qui lui construisent des temples et l’approchent dans un rituel complexe. Or, chacun de nous peut devenir un bouddha. C'est-à-dire un homme dégagé de toutes les vanités terrestres, connaissant l’illumination mystique de reliance au cosmos : le « nirvana » indien ou le « satori » nippon. Il suffit – si l’on peut dire !- de pratiquer les exercices psycho-physiques enseignés par Bouddha. Je renonce à exposer la complexité de la cosmogonie indienne qui connaît, comme le panthéisme grec, de nombreux dieux et déesses. Le panthéisme est on le sait, radicalement condamné par le Coran.

Les problèmes commencent avec le monothéisme développé et propagé par les Juifs, dont une secte a donné lieu à l’essor des Chrétiens, et, plus tard, par les Arabes. Les trois religions – Judaïsme, Christianisme et Islamisme – ont le même dieu sous trois appellations différentes : « YHWH, Dieu et Allah ! » cette image d’un dieu unique supposé être le créateur de toutes choses et tout-puissant, mène à un schéma mental d’absolutisme totalitaire, qui se projette comme idéal de société. Tout libéralisme épris de liberté individuelle est en contradiction avec cette vision de pouvoir absolu auquel l’individu doit obéissance. Ces religions sont fondamentalement opposées à la démocratie politique. Elles présentent néanmoins des tonalités différentes.

Les Juifs éternellement minoritaires persécutés, pour vivre heureux, vivent cachés. Ils se replient sur eux-mêmes, ne font pas de prosélytisme, et se consolent d’être le « peuple élu » et donc dans une situation particulière par rapport aux autres. Et, par un mécanisme aberrant, ils sont effectivement devenus plus intelligents. En effet, exclus de la plupart des professions honorables et de la propriété terrienne, longtemps seule ou principale source de richesse, ils ont dû se rabattre sur l’artisanat, les arts, les sciences et le maniement de l’argent. Or, l’époque moderne a propulsé ces spécialités à l’avant-plan du progrès ., Pourchassés, ils ont dû inventer mille moyens de se protéger. La mentalité collective s’est construite sur le leitmotiv : « Juif, pour survivre, tu dois être le meilleur …Et tu l’es! »

Jésus Christ, Juif révolutionnaire à son époque, opposé à ses coreligionnaires, met en exergue le côté humaniste universel du Judaïsme, prêche l’amour du prochain, tend l’autre joue à qui le gifle et finit sur la croix. Son message d’amour universel dépasse l’entendement de ses « fans » qui fondent une Eglise alliée au pouvoir politique. Les successeurs du révolutionnaire ont choisi le camp de l’autorité. L’Eglise soutient la royauté et les moines deviennent guerriers. Les Chrétiens sont devenus conservateurs et agissent comme tels.

Allah dit aux Musulmans : « Vous êtes la meilleure communauté qu’on ait fait surgir parmi les hommes ! Vous ordonnez le convenable et interdisez le blâmable et croyez en Allah» (3 / 110)

D’autres versets encore clament la supériorité des Musulmans sur les autres humains. Avant d’avoir subi l’influence des Lumières, les christianismes faisaient de même. Nous sommes ici au cœur d’une dangereuse dérive psycho-sociale. L’Islam est la religion de la soumission à Allah. Mais, en même temps, elle affirme la supériorité de l’Islamiste sur les non-Musulmans. Donc, le Musulman s’exorcise de cette soumission imposée à Allah, par une arrogance, une agressivité hautaine vis-à vis des autres puisque Allah lui-même reconnait sa supériorité. Un mécanisme aggravé du fait qu’anciens colonisés, relégués dans les pays d’accueil à des postes mineurs, ils y ajoutent frustrations et volonté de revanche. Bien sûr, chaque Musulman n’est pas marqué par cette mentalité collective. Il y a une minorité de courageux contestataires qui luttent contre cette attitude mentale. Elle imprègne cependant, à des degrés divers, la psychologie individuelle de la majorité des fidèles de l’Islam.

J’ajouterai que : « moins la politique permet d’espoir, plus la religion séduit les masses par l’espérance ! La gauche socialiste représentait jadis l’espoir politique mais, ses carriéristes ayant renoncé à son objectif anticapitaliste, se font eux-mêmes les défenseurs d’une religion totalitaire !

Voilà, Monsieur le Président. J’espère ne pas avoir été trop long ? »

« Pas du tout, Professeur Bellange, La Cour vous remercie.

« Nous entendrons comme dernier témoin d’aujourd’hui, Sa Haute Bienveillance, le professeur Dieudonné Delacroix, Président de la Ligue internationale des Sectes reconnues. Que Sa Haute Bienveillance veuille prendre la peine de s’avancer… »

Surgit d’on ne sait où un homme relativement jeune qui sautille plus qu’il ne marche, mais sa démarche reste si harmonieuse qu’il en impose. Il porte sur la poitrine un énorme bijou, signe de son grade religieux.

« Vous représentez donc, Votre Haute Bienveillance, des sectes dites « reconnues », qui se plaignent de discrimination. C’est bien cela ? »

« Tout à fait, Monsieur le président. Les sectes reconnues sont celles qui ont été mentionnées au cours du débat parlementaire …. »

Une voix crie dans la salle :

« C’est faux ! La Scientologie a été au centre du débat et n’est pas reconnue ! »

Sa Haute Bienveillance rétorque :

« Vous vous êtes vous-mêmes baptisés « Eglise de la Scientologie ». Vous n’avez rien à voir dans le problème des sectes ! »

L’intervenant insiste :

« Nous sommes attaqués de toutes parts comme secte. Dans tous les médias bourrés de propagandistes de l’Eglise de Rome et de l’Islam.

Le Président frappe du marteau et ordonne : « Gendarmes, faites sortir ce perturbateur ! »

L’intervenant est expulsé sans ménagements.

« Continuez, je vous prie.. »

« Il y a une centaine de sectes reconnues dans le monde. Elles ne sont pas subsidiées pour autant. Elles pourraient cependant considérer qu’elles font l’objet d’une discrimination par rapport aux Eglises et Cultes financés par les pouvoirs publics dans certains pays. Elles se plaignent uniquement du fait qu’en tant que sectes, elles sont partout considérées avec suspicion et traitées avec malveillance. On semble oublier que Jésus et ses apôtres formaient à l’époque une secte. De même que Mahomet entouré des siens. Comment définit-on la différence entre secte et religion ? Pour nous les religions sont avides de pouvoir et d’argent. Nous, nous contentons de proposer aux humains un ensemble de règles qui leur permettent de vivre heureux chacun par devers soi. Le bonheur collectif résulte d’une addition de bonheurs individuels. La plupart des sectes ne proposent pas un dieu, mais un « gourou », un guide, un maître à penser. C’est peut-être pour cela qu’on leur en veut ? Elles réclament un traitement dénué de préjugés. »

Le Président se lève et dit :

« Merci Bienveillante Eminence. Heu ! Excusez-moi : Votre Haute Bienveillance. La Cour suspend l’audience jusqu’à demain. Prenez bien garde à vous d’ici là ! Il fait encore relativement clair, mais sait-on jamais ? Chaque femme sera accompagnée jusque chez elle. A demain dix heures… »



La salle se vide lentement en silence.





(à suivre: derniers témoins. Non des moindres ?) François WAHA

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