Voltaire : Traité sur la tolérance (extrait 3) : l’empereur de Chine

« Il est vrai que le grand empereur Yontchin, le plus sage et le plus magnanime peut-être qu’ait eu la Chine, a chassé les Jésuites , mais ce n’était pas parce qu’il était intolérant, c’était, au contraire, parce que les Jésuites l’étaient..

Ils rapportent eux-mêmes dans leurs lettres curieuses, les paroles que leur dit ce bon prince : « je sais que votre religion est intolérante, je sais ce que vous avez fait aux Manilles et au Japon. Vous avez trompé mon père, n’espérez pas me tromper de même. » Qu’on lise tout le discours qu’il daigna leur tenir, on le trouvera le plus sage et le plus clément des hommes. Pouvait-il retenir des physiciens d’Europe qui, sous prétexte de montrer des thermomètres et des éolipiles à la Cour, avaient soulevé déjà un prince de sang ? Et qu’aurait dit cet empereur s’il avait lu nos histoires, s’il avait connu nos temps de la Ligue et de la conspiration des poudres ? C’en était assez pour lui d’être informé des querelles indécentes des Jésuites, des Dominicains, des Capucins, des prêtres séculiers envoyés du bout du monde dans ses Etats ; ils venaient prêcher la v&rité et ils s’anathémisaient les uns les autres. L’empereur ne fit donc que renvoyer des perturbateurs étrangers. Mais avec quelle bonté les renvoya-t-il ? Quels soins paternels n’eut-il pas d’eux pour leur voyage et pour empêcher qu’on ne les insultât sur la route. Leur bannissement même fut un exemple de tolérance et d’humanité

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