« Je peux me tromper, mais il me paraît que de tous les anciens peuples policés, aucun n’a gêné la liberté de penser. Tous avaient une religion mais il me semble qu’ils en usaient avec les hommes comme avec leurs dieux ; ils reconnaissaient tous un Dieu suprême, mais ils lui associaient une quantité prodigieuse de divinités inférieures. Ils n’avaient qu’un culte mais ils permettaient une foule de systèmes particuliers. (….) Socrate, qui approcha le plus près de la connaissance du créateur en porta, dit-on, la peine et mourut martyr de la Divinité. C’est le seul que les Grecs aient fait mourir pour ses opinions. Si ce fut en effet la cause de sa condamnation, cela n’est pas à l’honneur de l’intolérance, puisqu’on ne punit que celui qui seul rendit gloire à Dieu et qu’on honora tous ceux qui donnaient de la divinité les notions les plus indignes. Les ennemis de la tolérance ne doivent pas, à mon avis, se prévaloir de l’exemple odieux des juges de Socrate. Il est évident d’ailleurs qu’il fut la victime d’un parti furieux animé contre lui. Il s’était fait des ennemis irréconciliables des sophistes, des orateurs, des poètes, qui enseignaient dans les écoles et même de tous les précepteurs qui avaient soin des enfants de distinction.