Lettre à mon ami Mohammed

Lettre à mon ami Mohammed

Mon cher vieux Mohammed, ton dernier courrier me peine. Tu m’y traites d’ « islamophobe ». Tu devrais savoir, depuis le temps qu’on se connaît, que je ne souffre d’aucune phobie. Même pas de la phobie des araignées. Mais il est vrai que je suis radicalement opposé à l’Islam, Toi-même, tu as tant de fois fait état de ton opposition à l’oppression des religieux. Alors ? Tu es aussi « islamophobe » ?

Dois-je te rappeler que les islamistes ont égorgé ton frère comme un mouton et que tes filles, que tu avais élevées< dans un esprit moderne, ont été priées de renoncer au basket-ball ? C’est vrai que tu as changé d’attitude ces trois dernières années. L’abcès de fixation que constitue la maudite guerre Israélo- palestinienne y est pour beaucoup. Elle fait renaître un antisémitisme primaire dans tous les pays musulmans et ce faux historique qu’est le livre intitulé « Protocoles des Sages de Sion » connaît un succès malencontreux, poussé par les fondamentalistes. Tu sais aussi bien que moi qu’un courant antioccidental puissant charrie des tonnes de ressentiments et de préjugés. Que tu subisses dans une certaine mesure l’influence de ce courant est indéniable. Pour ma part, j’appartiens à une gauche qui n’est pas du tout antisémite, mais qui n’est pas prête à entériner toutes les positions d’Israël. On en a assez discuté pour que je m’abstienne de redire les choses. J’espère que notre amitié d’un demi - siècle résistera à l’exaspération des tensions de ce conflit ? Je m’en souviens comme si c’était hier : Paul et moi, jeunes journalistes te recevons dans un parloir. Tu apportes un manuscrit. En pleine guerre d’Algérie, tu as fait, sous forme romancée, une analyse lucide de la situation. Tu es collecteur de fonds pour le FLN en Allemagne. Nous avons corrigé ton texte et avons pu le faire éditer. Tu étais fier que c’en était touchant.

Mais, indépendamment de cette guerre – l’actuelle ! - il y a d’autres raisons fondamentales qui rendent le dialogue presque impossible entre l’Islam et l’Occident. J’en vois six pour ma part : le statut de la femme, le mépris haineux coranique vis-à-vis des non-croyants, l’interdiction de changer de religion, l’exigence d’appliquer la « Charia » (lois religieuses) aux Musulmans immigrés chez nous, la limitation du droit de libre expression, l’attitude envers les homosexuels.

Le sous - statut de la femme est figé par le Coran. Prétendre que tous les hommes indistinctement sont supérieurs à toutes les femmes est tout simplement un « racisme religieux ». Il suffit de remplacer « femme » par « Noir » pour le comprendre. Exiger des heures d’ouverture différentes pour les hommes et les femmes dans des institutions diverses, rappelle l’ « apartheid » sud-africaine de mauvaise mémoire.

Nous ne pouvons pas admettre qu’une fille n’ait droit qu’à la moitié de la part d’un garçon en cas d’héritage, ni qu’il faille, en justice, le témoignage de deux femmes pour s’opposer à celui d’un homme. Tu veux bien me dire ce que des questions d’héritage ou des articles réglant des conditions de divorce viennent faire dans un livre religieux ? Ces dispositions de droit civil sont définitives et inaltérables étant donné le caractère « sacré » que leur donne le Coran. C’est d’ailleurs pourquoi le représentant de l’Arabie Saoudite s’est abstenu lors du vote à Paris en 1948 de la « Déclaration universelle des Droits de l’Homme ». L’importance principielle de pareille prise de position échappe à l’attention du commun des mortels. Il y a donc plus de soixante ans et rien n’a changé. Et tu sais aussi bien que moi, que rien ne changera ; on ne touche pas au Coran ! C’est là l’obstacle infranchissable qui empêche toute entente. Les Etats de l’Islam sont si peu décidés à modifier leur position, qu’ils ont préparé trois textes qui sont autant de « déclarations universelles islamistes des droits de l’homme ». Tu trouveras ces textes sur Internet. Ce fait en dit long sur les intentions de l’Islam.

Un musulman ne peut changer de religion. L’apostasie est passible de la peine de mort. Bien entendu, le croyant de toute autre religion, nécessairement inférieure à la religion islamique, peut se convertir à cette dernière ! Deux poids et deux mesures…

Tout aussi inadmissible est la limitation du droit d’expression obtenue par les Etats islamistes à l’ONU. A l’initiative des islamistes, les Etats membres sont priés de considérer comme délit le « dénigrement » des religions. Tiens donc ! Mais le Coran, lui, peut « dénigrer » les non-croyants sans problème : il est protégé par l’immunité du « sacré » !

Faut-il être sourd et aveugle pour ne pas voir l’ampleur de l’enjeu et de l’antagonisme fondamental qui sépare deux types de société ; l’une libérale et relativiste (pas de vérité absolue et immuable), l’autre politico-religieuse et totalitaire.

La condamnation de l’homosexualité entraîne jusqu’à la peine de mort. Il est terrifiant de voir décapiter des êtres humains uniquement parce qu’ils aiment autrement. Quel mal font-ils aux autres ?

Je sais bien, Mohammed, que tu souscris à tout ce que je dis ici. Le drame, c’est que les types dans ton genre sont la minorité des minorités. Combien êtes-vous à vous opposer à la vision totalitaire de l’Islam ? On nous parle toujours des Musulmans modérés, mais on ne les entend jamais. D’ailleurs, pour moi « musulman ou islamiste modéré » ça n’existe pas tant qu’il y a attachement au Coran intolérant. Nous, les non-croyants nous en avons plus que marre d’être taxés d’ « islamophobie » ou de « racisme » alors que nous ne faisons que nous défendre contre le prosélytisme intolérant et le comportement provocant des fidèles de l’Islam.

En attendant ton prochain courrier avec intérêt, je t’assure, vieux frère, de toute mon amitié

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